ALBERT MAURIAC
Albert Mauriac est un boxeur et entraîneur français né à Paris en 1932, il grandit à Clichy, où il vit toujours. Un père cheminot, une mère couturière, le petit Albert est passionnée de sports. Il achète L’Auto (l’ancêtre de L’Équipe) tous les jours, pour le vélo et, surtout, la boxe. Il suit la carrière de Jean Despeaux, champion olympique en 1936, puis de son idole, Marcel Cerdan. « Je l’ai rencontré une fois. Il était très gentil et m’a encouragé. À 16 ans, ça marque ! », se souvient-il.
Car Albert ne se contente pas de lire les exploits des boxeurs dans la presse, il pratique, assidument. « J’étais épais comme un haricot, sourit-il, alors j’étais plus styliste que puncheur. J’avais un bon jeu de jambes… »
Vainqueur du critérium de L’Équipe, double champion de Paris, demi-finaliste et finaliste du championnat de France, finaliste du championnat d’Afrique du Nord militaire… En 80 combats, il ne connaît que 12 défaites. Si bien qu’en 1956, il passe professionnel. Tout va pour le mieux quand un méchant accident de scooter lui brise le fémur. « Alors que j’étais sélectionné en équipe de France pour les championnats du monde travaillistes… » Hospitalisé à Saint-Denis, le moral à zéro, il se bat un an durant pour remonter sur le ring. « Mais je n’ai jamais retrouvé ma mobilité d’avant. Ce n’était plus pareil alors j’ai arrêté. À 23 ans. »
Il devient monteur d’ascenseurs, puis professeur d’électrotechnique en lycée professionnel. Et passe ses diplômes pour devenir entraîneur. À Levallois, une saison, puis à Saint-Denis dès 1962. Où il a élevé pas mal de champions. Il cite en vrac Tayeb Mehoued, Amado Farias, Hadi Zitouni, plus récemment Mehdi Azri, Maxime Larine, Kamel Amrane, « passé à côté d’une grande carrière », regrette-t-il. Et puis, bien sûr les frères Tiozzo. « Franck, l’aîné, a fait toute sa carrière avec moi », souligne-t-il. Sa grande fierté : avoir été élu meilleur entraîneur d’Europe par un jury international de journalistes en 1984. « Et avant la médaille d’or de Christophe aux JO ! »
On pourrait croire qu’aujourd’hui la vie d’Albert Mauriac paraisse un peu fade. Mais l’homme est toujours combatif et n’entend pas remiser les gants. Il se consacre à l’entraînement d’un seul boxeur, en qui il croît fermement : Christopher Rebrassé, lui aussi ex du Sdus. « À 23 ans, c’est un véritable espoir. Aussi longtemps que je pourrai donner la leçon… C’est ça qui me tient, c’est un art. On sent le boxeur, on communie avec lui, c’est là où on voit s’il est fort. » Et puis il travaille à l’écriture d’un livre : « Ma vie en douze chapitres, comme autant de rounds », sourit-il. Le dernier coup de gong n’est pas prêt de retentir...
Benoît Lagarrigue